Voile : Y. Bestaven, enfant du Bassin d’Arcachon, vainqueur du Vendée Globe

Nautisme : Yannick Bestaven gagne l’édition 2021 de la course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. L’histoire a commencé à Taussat


28/01/21


VG arrivee betsavenCe jeudi 28 janvier à 4 heures 19 minutes  et 46 secondes, Yannick Bestaven a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 80 jours, 03 heures, 44 minutes et 46 secondes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, temps officiel calculé après ses 10h15 de bonification accordées par le jury international du Vendée Globe pour son implication dans le sauvetage de Kevin Escoffier.


Le skipper de Maître Coq IV a été un des deux hommes le plus longtemps aux commandes de la flotte : 26 jours, soit 32 % du temps de cette fantastique giration autour de la planète. Une magnifique performance pour cet outsider de grand talent qui revenait sur l’épreuve douze ans après sa première tentative.

Pluie, houle de 2 mètres et 20 nœuds de vent d’Ouest… c’est dans ces conditions un peu sportives que Yannick Bestaven a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée au petit matin avant d’être bruyamment et chaleureusement acclamé dans le chenal des Sables d’Olonne. L’homme était très attendu. Car, de son temps de course, dépendait l’issue de ce Vendée Globe.


Un enfant du Bassin vainqueur de l’édition 2021 du Vendée Globe.

Né à St Nazaire puis arrivé à l’age de 5 ans à Biganos, le navigateur a toujours aimé les sports d’eau : le kayak d’abord, qu’il pratiquera sur la Leyre puis en compétition dans les Pyrénées, le surf au Grand Crohot et … la voile avec un stage d’été au CNTC à Taussat puis des courses de week-end au CVA d’Arcachon où il sera aussi moniteur de voile.

En 2001, quand il remporte la Mini-Transat, c’est sur un bateau construit de ses mains avec la complicité de son ami Arnaud Boissières (Cali) qui finira troisième.



Un garçon têtu

Avant le départ, il confiait : Ma principale qualité ? « Têtu ». Mon principal défaut « « têtu ». « Mais J’ai aussi de grandes capacités de résilience ». Il en aura eu besoin.

Ces deux vertus, une équipe très solide à ses côtés et, pour la première fois, un recours à la préparation mentale – vont l’emmener au firmament du Vendée Globe. Pied de nez au passé si l’on remonte à 2008, lorsqu’il abandonne la course suite à son démâtage dans le golfe de Gascogne quelques heures après le coup d’envoi…

Ingénieur de formation (après un Bac E  au Lycée Gustave eiffel à Bordeaux), il est l’inventeur des hydrogénérateurs qui équipent les IMOCA de ce Vendée Globe.


Vainqueur de la Mini Transat 2001 sur un bateau construit de ses mains, double vainqueur de la Transat Jacques Vabre en Class40, Yannick rêvait d’un top 5. Après Charlie Dalin, il est celui qui a passé le plus de temps en tête de ce 9e Vendée Globe, à bord d’un bateau de génération 2016 équipé de petits foils et fiabilisé au maximum.


Une sacré course…

vg maitre coq bateau

Photo Boris Herrmann


Le début de course de l’Arcachonnais est marqué par une « option de préservation », dans le Sud, pour échapper au premier gros front de ce tour du monde. Pendant sa descente de l’Atlantique Nord,  il navigue dans le top 10/12, au sein du peloton compact lancé aux trousses du leader du moment, Hugo Boss.

Ses pions décisifs, il va les placer en Atlantique Sud, grâce à sa tactique pour contourner les petites excroissances de l’anticyclone de Sainte Hélène. Deux empannages parfaitement placés et le voici dans le quintet de tête, derrière Dalin, Ruyant, Escoffier et Le Cam.


Le 30 novembre, dans le Sud-Ouest de l’Afrique du Sud, sa course prend une autre tournure. En fin d’après-midi, il est appelé par la Direction de Course du Vendée Globe pour aller porter secours de Kevin Escoffier, en renfort de Jean Le Cam, déjà sur zone. Positionné plus au Sud, Yannick fait demi-tour et passera une  bonne partie de la nuit à quadriller la zone, jusqu’à ce que Le Cam récupère le naufragé à son bord. Lorsqu’il reprend sa course, Maître CoQ IV est à plus de 400 milles du leader Apivia. Et il lui faudra du temps pour se remettre de ses émotions.


vg bestaven poisson volant2Les mers du Sud, Yannick ne les connait pas. On se souvient du marin barbu, la tignasse hirsute,  décrivant des conditions de mer invivables l’obligeant à vivre à quatre pattes comme « un sanglier ». Pourtant, c’est dans cet univers hostile qu’il va trouver son tempo. Son bateau (plan VPLP- Verdier) est simple, fiable bien préparé, il a terminé toutes les courses auxquelles il a participé ces deux dernières saisons.

Alors Yannick peut tirer dessus.  Sa capacité à naviguer à des vitesses moyennes élevées lui permet de revenir peu à peu dans le match.


Au Nord des Kerguelen, il est 3e, tout comme au passage du cap Leeuwin. Devant lui, Ruyant et Dalin, handicapés par leur foil bâbord, se font rattraper puis déborder.


Passage en tête

Le 16 décembre, dans le Sud-Ouest de la Tasmanie, Bestaven prend les commandes. Le 28, il fête ses 48 ans dans le sud du point Némo. Il va ouvrir la voie pendant 26 jours – il franchit le cap Horn en tête-, une position d’éclaireur qui lui sera funeste dans la remontée de l’Atlantique Sud. Premier à être ralenti dans le chapelet de bulles anticycloniques qui s’étendent au large de l’Argentine, il subit impuissant le retour du groupe de chasse.


arrivee bestaven coupe vgOn apprend par la suite qu’il a subi des avaries peu après le passage du cap Horn : balcon avant arraché, plus d’enrouleur, quelques voiles d’avant inutilisables. Il se fait doubler le 12 janvier au large du Brésil. Mais en bon sanglier, l’Arcachonnais s’accroche.


Bonifié de 10 heures et 15 minutes par le jury international du Vendée Globe, il ne veut pas laisser passer sa chance. Il tente un dernier coup à 1300 milles de l’arrivée en passant dans le Nord de l’archipel des Açores pour aller chercher du vent plus fort.

Et c’est un coup gagnant. En abordant les derniers milles vers l’arrivée par le septentrion, il revient progressivement sur l’homme de tête Charlie Dalin.

Suffisamment pour prendre l’avantage au classement final…


Quelques chiffres

Le skipper aura parcouru les 24.365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 12,6 noeuds .

Distance réelle parcourue sur l’eau : 28.583,80 à la vitesse moyenne réelle de 14,78 nœuds.

Nombre de classements en tête (référence pointages Vendée Globe) : 157

Sa meilleure distance sur 24 heures, le 31 décembre 14h30 UTC, 482.32 milles à 20.1 nœuds de moyenne

Son bateau : Maître CoQ IV (petits foils), plan VPVL –Verdier  construit chez CDK (ex Safran 2 ex Des Voiles et Vous, préparé chez Kairos). Mise à l’eau en mars 2015


IB/ Camille F.

Source, illustrations, vidéo : Vendee globe Organisation. Photo arrivée © Jean-Marie Liot/Alea


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