Chronique d’une rentrée pas ordinaire…

Humour satirique: Départ des touristes, l’abbé Pierre déchu… Pétaradante rentrée!


Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.


18/09/24


 


Réflexions de rentrée…

Je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien cette période de rentrée, signe à la fois de nouveautés et de reprise des habitudes.


Touristes… Un peu mais pas trop!

Les touristes ont – enfin – regagné leurs pénates, ainsi le Bassin va peu à peu recouvrer son charme habituel. Notez bien que je ne déteste pas ces adeptes des congés payés, mais c’est un peu comme l’alcool, un verre ça va, plusieurs bonjour les dégâts ! D’autant que, se sentant en vacances, certains en oublient la bienséance du vivre ensemble.


4×4 et Jetski ? Pétaradante (et pénible) compagnie!

C’est ainsi que, ralliant mon home situé dans une allée étroite à sens unique, je me suis retrouvé nez à nez avec un kolossal 4×4 dont la plaque d’immatriculation était sans conteste bavaroise. Aussi surpris que moi, le Teuton m’intimait aussitôt l’ordre de reculer, et ce malgré mes verboten désespérés. Le destin avait encore frappé : j’étais accompagné de ma chère tante Apolline.


Comme de bien entendu, elle ne cherchait qu’un prétexte pour monter dans les tours : « Ne bouge pas ! Songe à ton grand-oncle qui s’est fait embrocher par un casque à pointe sur le Chemin des Dames en 1917… Et à ton grand-père blessé à Verdun… Ils n’ont pas reculé eux ! Alors respecte leur mémoire et boute-moi ce zozo au fossé ! »

La calmer ne fut pas simple, elle allait entonner « la Marseillaise ».


En fait ce touriste traînait derrière son Panzer une grande remorque sur laquelle reposait un imposant jet-ski. Manifestement peu habitué à la manœuvre de recul, il ne savait que faire. Avec un voisin compatissant, – et malgré les glapissements d’Apolline – nous l’avons aidé à se sortir de ce mauvais pas.

Même si ce n’est pas très charitable, j’avoue pourtant que voir basculer son engin dans le fossé ne m’aurait pas déplu. Car tout de même, venir de si loin nous polluer le Bassin est-ce bien raisonnable ? D’autant que sur le conomètre des inventions humaines, ce zinzin tient le haut du pavé, il est un peu à la mer ce que le quad est en forêt : une véritable plaie.


Je n’arrive pas à comprendre le plaisir que l’on peut prendre à piloter ce machin qui cumule tous les défauts : bruit infernal dont peuvent largement bénéficier les amateurs de farniente sur la plage, pollution de l’air, pollution de l’eau… sans compter sa dangerosité et les incivilités qui y sont attachées… et tout cela pour faire vroum vroum en dessinant des ronds dans l’eau.

La connerie humaine ne connaît vraiment aucune limite.


L’Abbé Pierre, ange déchu…

Cela dit, essayons de rester positif malgré cette rentrée qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Au-delà de la pantalonnade politique que nous subissons depuis cette fameuse dissolution, une révélation – qui malheureusement n’a rien de divine – m’a sidéré, et mes derniers espoirs en la nature humaine se sont envolés. L’Abbé Pierre, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était le seul ecclésiastique trouvant grâce aux yeux de l’agnostique mâtiné d’anticléricalisme primaire que je suis. Voilà désormais cette icône élevée au rang de fieffé coquin. C’est désespérant !


Coup de fil matinal

Il y a de cela une vingtaine d’année, avachi chez moi devant mon café matinal, j’étais interrompu en ce moment privilégié par la sonnerie intempestive du téléphone. Quel malfaisant me dérangeait ainsi dès potron-minet ? Décrochant, j’entendis une voix traînante bien caractéristique :

-« Allo, ici l’Abbé Pierre »

Dans cette brume du matin, croyant à la blague d’un ami, j’ai failli répondre : « Bonjour, ici c’est Mère Theresa ! ». Me reprenant, je me suis fendu d’un

-« Bonjour mon père ! »


Ce dernier souhaitait en effet évoquer avec moi la parution de son livre* dont j’assurais l’édition. Lors de notre discussion, j’appréciais cet échange profond et très riche, notamment sur la mort, de la part d’un homme que j’admirais pour sa foi inébranlable et ce combat d’une vie au service des plus miséreux.


Sur la quatrième de couverture, nous avions finalisé le texte suivant : « Associer l’Abbé Pierre et l’Ange, c’est affirmer les ressemblances des deux destins qui gardent la même espérance face à toutes les injustices »… Quelle sinistre tartufferie !

Sans doute aurais-je pu comprendre les mêmes écarts que ceux du regretté cardinal Daniélou, qui, lui, se contentait de prestations tarifées auprès de dames de petites vertus, mais là nous sommes en présence d’un prédateur qui a sévi pendant plusieurs décennies.


La hiérarchie catholique, un peu dure de la feuille…

Certes, tous les hommes sont pétris d’ombre et de lumière, et si son parcours militant fut exemplaire, cette part sombre est aussi incompréhensible que détestable. Finalement, ce qui me choque le plus, c’est une nouvelle fois le silence assourdissant de la hiérarchie catholique, très au fait de ses turpitudes, qui a pris grand soin de les mettre bien hypocritement sous le boisseau. Elle n’en sort pas non plus grandie.


*Abbé Pierre, Le sourire d’un ange, Elytis 2005. Epuisé. (L’intégralité des droits d’auteur a été reversée à l’association Emmaüs).


Alain Mouginet


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