Chronique: La crise du logement, c’est selon…

Humour satirique : L’immobilier de luxe ne connaît pas la crise… Et les acheteurs font les difficiles!


13/03/24


Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin


Je ne sais pas vous, mais moi je suis très moyennement intéressé par ce que nous offre la petite lucarne. J’ai sans doute tort car il se cache parfois quelques pépites qui méritent que l’on s’y attarde.


L’immobilier bling-bling…

C’est le cas notamment d’une série que j’ai découvert récemment : « L’agence ». Il s’agit d’un faux documentaire mais d’une vraie télé-réalité qui suit une famille exploitant une agence immobilière de la région parisienne spécialisée dans l’ultra luxe. On voit donc vivre les quatre frères et les parents dans une riche demeure qui leur sert de résidence et de bureaux.


S’y ajoute la grand-mère très présente, jouant la bonne copine, sympa et coquine, permettant d’ajouter une note rigolote à l’ensemble. Ici, point d’armoires surchargées de dossiers, les frères travaillent devant leur MacBook, dans le salon, sur une petite table style jardin, preuve que l’on peut brasser des millions finalement très simplement.



Palace à Marrakech et  soirées champagne à Paris. Sinon, rien!

Cette belle équipe, soudée comme un seul homme, évolue entre fêtes, voyages aux quatre coins du monde, réunion de travail dans un palace de Marrakech, soirées parisiennes champagnisées, rencontres au sommet dans les plus hautes sphères économiques, bref des gens normaux comme vous et moi – plutôt vous d’ailleurs – le tout sans complexe afin de ravir les téléspectateurs, ébahis devant tant de facilité à pénétrer les cercles les plus fermés.


Se succèdent visites de biens et séquences privées, ces dernières ne manquant pas quelques confessions intimes face à la caméra. Châteaux somptueux, hôtels particuliers incroyables, villa de Stark au Cap Ferret, Courchevel, Saint-Tropez, New-York, les mandats valsent par dizaines de millions, mais, le plus intéressant me paraît être les acheteurs.


Un salon de 100m2, c’est trop riquiqui…

Nous avons là une belle brochette d’ovnis, heureux semble-t-il de montrer leur puissance financière à la caméra et dont le ridicule est à pleurer.

Entre le jeune patron de start-up, complètement speedé, qui achète un bien de quatre millions en quatre minutes chrono, le grand Tanguy, à l’air ahuri, qui vit avec sa maman et fait la moue lors de la visite d’un appartement de trois cent m² qui lui paraît bien petit, l’orthodontiste* bordelais qui, pour trois millions d’euros, trouve le salon de 100 m² rachitique… simple aperçu d’un panel de gens bien intéressants complètement déconnectés de la réalité…


C’est dur pour (presque) tout le monde

… Et pendant ce temps, la paupérisation des masses est en marche. Certains ont le plus grand mal à boucler leur fin de mois. J’en veux pour preuve un couple, déjà âgé, dont la femme nous a donné dernièrement un témoignage poignant face à la caméra. Sensible comme je suis, j’ai fondu en larmes.


Après une vie passée au service exclusif du bien-être de leurs concitoyens, lui comme maire, elle comme première adjointe de la ville de Levallois-Perret, les Balkany – c’est d’eux dont il s’agit – sont sur la dangereuse pente qui mène à l’extrême pauvreté.

Ils ont les plus grandes difficultés à entretenir leur maison, le moulin de Giverny, un peu plus de mille mètres carrés avec piscine, court de tennis et hammam.


Malgré une pension de retraite de douze mille euros par mois ils sont dans la mouise : « On est comme tous les Français, tout augmente, on a du mal et on tire la langue comme tout le monde » précisait la malheureuse.

Par chance, ils n’ont plus à supporter l’entretien de leur villa « Pamplemousse », domaine d’un hectare sur l’île de Saint-Martin, ou de leur Riad sis à Marrakech. Après quelques légers démêlés judiciaires, ces biens leur ont été saisis. C’est finalement une aubaine.


Ainsi, toi, locataire de ton deux pièces cuisine sans ascenseur, apprécie ton bonheur d’éviter tous ces tracas financiers en songeant à cette citation de Pierre Dac « La belle époque, c’est maintenant ; une époque où la moindre des choses vaut beaucoup d’argent et où beaucoup d’argent ne vaut pas grand-chose ».


*J’ai enfin compris la raison pour laquelle ma fille s’arrache les cheveux à chaque réception d’une facture de soins concernant son enfant…


Alain Mouginet

Image générée par IA


Retrouvez les anciennes chroniques d’Alain Mouginet, ici


Téléchargez notre application gratuite, et recevez nos infos directement, en cliquant sur les icônes !


ou sinon

Abonnez-vous par mail à InfoBassin, c’est gratuit !

Pour recevoir tous les articles d'InfoBassin...

Nous ne spammons pas !

Comments

comments

Laisser un commentaire