La France d’avant: Les patates du Grand Père…

Début des années 60 : Des pommes de terre dans les poches…


11/05/25


Ah, la France d’avant! InfoBassin propose une série d’articles sur l’histoire du temps jadis, sur le Bassin et ailleurs…

Nous poursuivons avec le témoignage de Joel Laine, Lantonnais qui se souvient du début des années 60.

Michel Lenoir, directeur de publication


Ecouter en 2’45 le podcast, de cette histoire racontée par Joel Laine, ici !

https://soundcloud.com/user-58556464/montage-joel-laine-pommes-de?si=433c80de0db24716a961b0cf4c551191&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

 


La pomme de terre constitue, à cette époque, la base de l’alimentation : au cours de la guerre toute récente, les occupants avaient réquisitionné les pommes de terre conduisant les habitants vers d’autres cultures afin de pouvoir se nourrir : le rutabaga et la topinambour furent donc produit dans les potagers. Aussi, dès la libération, la pomme de terre est-elle revenue en force sur les tables des borains. 


La pomme de terre : mille manières de l’utiliser

présente de nombreux avantages : bien acclimatée dans la région et supportant bien les sols, elle permet une production importante et une longue conservation pour « tenir » tout l’hiver. Aliment nourrissant et même roboratif, la pomme de terre figurait toujours dans les assiettes en accompagnement de tous les aliments (sauf les pates et le riz). On peut la cuisiner de mille manières sautée ou à l’eau, au four ou au truchot…

Mais elle a aussi d’autres propriétés : appliquée sur une brûlure légère, elle apporte un soulagement quasi immédiat, tout comme sur les piqures de guêpes et autre nuisible.


La cuisson sur le chantier, façon Grand-Père…

On en trouvait donc toujours, et même dans les poches de mon grand-père. Ouvrier du bâtiment, charpentier-couvreur, il exerçait en extérieur, et le plus souvent en hauteur dans la vivacité des vents du nord. Considérant qu’à l’école on avait le temps de se reposer, il lui semblait évident de m’emmener sur les chantiers les jours sans école. Il ne faisait que suivre ce qui était normal pour tous mes camarades de classe dès 13 à 14 ans. Partant en vélo avant le lever du jour, transis de froid et les doigts gourds, il fallait pourtant bien se mettre au travail. Une activité aussi physique avait pour avantage de nous réchauffer temporairement, sauf les mains hélas !


En milieu de matinée, nous « descendions » pour boire un peu de café dans un quart de fer blanc. Il était maintenu dans une gourde en fer roulée dans des journaux. Il profitait de ce retour sur terre pour choisir le pied de mur le moins exposé au froid et y rassembler les chutes de bois (parfois complétées par du bois mort ramassé alentour). Il creusait d’un coup de truelle une cavité, sortait les pommes de terre de ses poches, les y plaçait puis les recouvrait de terre. Il allumait alors un petit feu sur ce four improvisé.

Ce sont les aboiements du chien, en milieu de journée, qui nous faisaient « descendre ». Il avait repéré le chantier et venait nous rejoindre chaque jour au moment de la pause. Il suffisait d’écarter le feu pour recueillir les pommes de terre cuites et bien chaudes.


Une douce chaleur, un moment de paix

Nous les gardions un peu dans les mains pour nous réchauffer et c’était la récompense d’une matinée dure et froide un peu comme le fruit de ce travail. Elle accompagnait le « briquet » emballé d’un torchon à carreaux : en général deux tranches épaisses de pain beurrées d’un coté ou grattées de saindoux et renfermant quelques restes de viande ou de légumes de la veille. Tassés au pied du mur à l’abri du vent, les jambes étendues le long du feu, le chien à ses côtés, ce repas devenait festin et moment de soulagement.


La fierté d’un moment réellement mérité m’envahissait silencieusement. Nous ne parlions pas, tout à notre plaisir augmenté par la dureté de la matinée et la vivacité du froid. Le repas terminé, mon grand-père baissait son béret sur les yeux, croisait les bras, mains sous les aisselles, et s’endormait pour une dizaine de minutes quel que soit le temps, froid, pluie ou vent, le chien blotti contre sa jambe. A son réveil, après un grognement de satisfaction, il fallait à nouveau empoigner les barreaux des échelles. Un long moment était nécessaire pour oublier le froid qui semblait encore plus agressif après cet instant de repos.


Astuce jardinage

Lorsqu’il ne travaillait pas ou durant les vacances que mes parents avaient réussi à lui imposer, il ne se départissait pas de son habitude et emportait ses pommes de terre dans les poches. Curieux de tout, avide d’apprentissage et de découvertes, il profitait de l’éloignement de son village pour observer la nature et l’architecture. Ainsi découvrant une plante qu’il ne connaissait pas ; il prélevait une bouture, pour les ligneux, ou un pied pour les herbacées et insérait son nouveau trésor dans une pomme de terre préparée de la pointe de son canif.

Il pouvait conserver ainsi ses plants plusieurs jours sans dommage. De retour dans son jardin, il choisissait minutieusement l’emplacement convenable en fonction de ses observations. Alors on trouvait au coin d’une planche de choux, des plantes parfois bien exotiques !


Joel Laine


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