Humour : Les Nouvelles Lettres Persanes de Charles Daney (Ep 7)

Voici le regard perçant d’un Persan, sur les gens de notre région, façon Montesquieu…


Les cabanes (suite)



Les Nouvelles  Lettres  Persanes (par Charles Daney) : Episode 7


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D’Usbek à Rica,

CV pointeQuand on achète une maison à Arcachon, c’est une villa. Au Cap Ferret, c’est une cabane, bien qu’il y ait d’authentiques maisons en pierres qu’ils appellent ainsi.

Quand ils ne peuvent pas en acheter, ils en font construire de préférence aux quarante-quatre hectares où ils commencent à se trouver serrés, regrettant de ne pas pouvoir agrandir ce lieu sous prétexte que c’est le règlement.


Ils ignorent que cette mesure est une mesure aristocratique : celle du Père Lachaise et du Vatican, qui ont la même surface.

Par ailleurs une maison a d’autant plus de prix qu’elle a été habité par un homme illustre. Et les agents immobiliers, qui sont nombreux au Cap, savent trouver cet homme illustre qui ajoute à la distinction.


Depuis la révolution d’après la dernière guerre les habitants de la presqu’île sont rattachés à la commune de Lège qui égrènent désormais tout au long de la côte de nombreux hameaux que l’on appelle ici des villages.

Le plus connu est le village de l’Herbe formé en grande partie de cabanes authentiques de quelques mètres carrés séparées par des endrones de la largeur d’une brouette.


Les constructeurs de ces cabanes n’avaient pas prévu le passage des autos qu’ils laissent à l’entrée du village donnant ainsi un exemple aux villes qui hésitent à les suivre dans cette voie.

Les résidents en sont satisfaits : ils dorment dans la proximité de leurs co-résidents et jouissent du silence tant qu’on ne vient pas les déranger pour sortir une voiture qui bloque la sortie d’une autre. Cette convivialité est de bon augure.

Ils savent vaguement qu’il y a des gens de l’autre côté de l’eau. Ils les ignorent un peu comme nous ignorons les Esquimaux.


La traversée du Bassin, c’est comme la traversée du Léthé : un long fleuve d’oubli. Je me dépêche de t’envoyer ces quelques feuilles de peur d’oublier ce lieu de plaisirs et de délices qu’ils ne lâcheraient pour rien au monde mais qu’ils se pressent d’abandonner chaque fois que finit l’été.

Je n’ai pas encore compris pourquoi.

L’été c’est une véritable flotte qui va, vient, s’entrecroise, s’entrechoque sur l’eau. Elles évoluent comme sur une scène de théâtre, pour se montrer.


Les plus curieuses de ces embarcations sont celles qu’ils appellent des « promène-couillons ». Les autres sont des   « bateaux » où l’on distingue toute une hiérarchie de bâtiments qui vont du yacht au canot.

Ces distinctions correspondent à un classement sociologique générateur de mépris. Les touristes sont les couillons, les autres sont des plaisanciers. Nuance.

Quant aux ostréiculteurs et aux marins, on n’en parle pas : a-t-on idée de travailler pendant les vacances ?



charles daney

Charles Daney

Photo Clément Viala


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