Humour : Une journée de dédicaces en librairie…

Humour : Grandeur et vicissitudes de la signature d’un co-auteur en librairie…


6/08/18


J’ai souvent couvert pour InfoBassin des salons du livre, y ai rencontré et interviewé des auteurs (hommes et femmes) en séances de dédicaces. Et je me demandais comment ils vivaient ces moments, intérieurement.

seance signatures dedicaces tronqueLes plus connus d’entre eux répondaient à une succession ininterrompue de sourires, de dédicaces et gagnaient une crampe à la main à la fin de la journée.

Mais pour les petits nouveaux ou les inconnus, les journées paraissaient bien longues, à regarder les lecteurs défiler à la table d’à coté, sans un regard pour eux.


Histoire d’une rencontre…

Et puis les hasards du métier m’ont amené à rencontrer Isidore (un vieux puisatier adorable mais un tantinet bougon), à discuter, travailler, puis publier ensemble un livre pour laisser une trace du « Bassin d’avant ».

Notre éditeur ayant demandé à ce qu’on promotionne cette œuvre mémorable, Isidore étant fatigué, j’ai donc représenté notre duo pour les séances de rencontres/dédicaces, au salon littéraire des « Plumes de l’Herbe », puis dans une Maison de la Presse (qui vend des journaux, des cigarettes, des boissons fraiches, des espadrilles, et aussi… des livres).

Une journée… particulière!



10h

L’accueil par les libraires est chaleureux. Tant mieux. Car être assis au même endroit que Claire Chazal deux jours auparavant, entre le frigo de boissons fraiches et la pile des derniers Levy et Bussi, ça questionne au premier abord. Au bout de 2mn, tu te dis : « N’y-aurait-il pas une erreur de casting ? »


Un défilé de 1500 personnes

Et puis commence le défilé. 1500 personnes vont passer dans la journée. 1500 « bonjour » et « au revoir ».

Une véritable scène de théâtre aux acteurs impayables et dont voici quelques exemplaires…


Galerie de tableaux (Tout est vrai)

Parmi les client(e)s se distinguaient…

-Ceux qui répondent bonjour en regardant ostensiblement de l’autre coté

-La famille Duquesnoy au grand complet, tout de Lacoste vétu, avec un petit braillard qui voulait son bonbon, « Non, Pierre-Antoine mon chéri, maman n’est pas d’accord » , et qui finit par craquer quand le gremlin se roule par terre sur le trottoir, pendant que le père est allé chercher le Figaro.


secret salon dedicace livre-Les British qui dans un effort méritoire et un français hasardeux, expliquent pourquoi ils aiment venir sur le Bassin « manger les coquillages » (le mot huitre étant définitivement imprononçable pour un anglo-saxon)

-Les coupables d’être gourmands, rentrés pour une carte postale, ressortis avec une (grosse) glace

-Les amateurs d’espadrilles, « les vraies du Bassin » me dit le jeune rouquin avec une pointe d’accent du nord (J’ignorais que le Bassin fut bien connu pour sa production locale…)


-Les parents soucieux de l’éducation de leur progéniture « Oui trésor, tu peux acheter une bande dessinée mais si tu prends avec un vrai livre aussi »

-Les exténués, dégoulinants de sueur, pour qui l’entrée dans le magasin et l’achat d’une boisson fraîche confinent aux nirvana. Alleluia!

-Les sacs-à-dos en tongs qui déglinguent sans sourciller les réassorts patiemment agencés par la libraire en se promenant dans les rayons


-Les chapardeurs de Playmobil (n’importe quoi…)

-Les voisins restaurateurs consternés par les nouveaux vacanciers (« Cette année c’est pas les mêmes que d’habitude, ça manque de moyens… »)

-Les trois copines chichiteuses et froufroutantes qui feuillettent le dernier Musso pour finalement se rabattre sur « Elle » (qui offre un drap de plage pour deux magazines achetés) ,


-Les qui jettent un œil avide sur le numéro spécial du Point pour connaître « Ceux qui possèdent le Bassin d’Arcachon » et le reposent discrètement, un peu déçus de n’en connaitre aucun, avant de se rabattre sur Sud Ouest

-Les fumeurs qui rentrent rapido, voient 3 personnes à la caisse, et ressortent illico, d’un air furieux.

-Les pressés, en vacances mais au bord du burn-out parce qu’ils risquent de rater la navette de l’UBA pour passer de l’autre coté.


dedicace livre salon selfie-Les qui achètent un Chupa-Chups en plus de leur canard favori pour atteindre le montant mini pour payer par CB

-Les qui veulent envoyer un carte à Cricri : « Mais enfin, Jean, c’est pas la peine, elle nous écrit jamais, elle »

-La dame décorée comme un sapin de Noël au charme défraichi mais au sourire radieux:  «Je peux vous emprunter votre stylo ?» pour écrire une carte postale kitch qui atterrira à Neuilly


Et puis… les qui aiment les livres et le Bassin :

-Les curieux, aux oreilles attentives, à l’esprit ouvert, prêts pour de nouvelles connaissances, qui posent des questions

-Les amoureux du Bassin. Les vrais. D’ici ou d’ailleurs (Montréal, New York, Dubaï, Francfort), qui veulent que cet endroit magique suive une évolution raisonnée et préserve son environnement et son charme.


-Les anciens qui ont le temps de discuter, de jauger le blanc-bec face à eux, puis qui rassurés, racontent leur vie de jadis sur le Bassin, celle de leur enfance, de leur famille, installée ici depuis si longtemps.

Et là, le temps se suspend, la magie opère, on n’entend plus les clients qui rentrent et qui sortent du magasin. C’est un voyage dans le passé, dans l’intimité dévoilée d’une époque révolue mais si vivante dans la mémoire de nos ainés.

Qu’ils soient remercié(e)s ici pour leurs échanges enrichissants, et leur gentillesse.



20h

C’est la fin de la journée, le temps de dresser un bilan de cet exercice d’un nouveau genre : Aphone, et étonné d’avoir dédicacé plus de trente livres commandés par le libraire. Mais surtout heureux.

Car « Bassin d’avant » a permis de belles rencontres, de sensibiliser les résidents du Bassin, d’un jour ou de toujours, à la fragilité de leur petit paradis,  à son avenir, en racontant une partie de son passé.

Ce qui était notre souhait le plus cher avec Isidore au début de cette aventure…



IB Pratic : Si vous êtes intéressé(e)s par le sujet, prochaines rencontres-dédicaces mercredi 8 août à la Librairie des Marquises à

bassin d avant seychelles

Arcachon de 10h à 13h et de 16h à 20h.


Les droits d’auteurs de « Bassin d’avant » seront reversés à l’association Les Amis des Puits pour une exploitation raisonnée des eaux du Bassin et du Val de l’Eyre et une vigilance de leur qualité.



 Pour aller plus loin…

« Bassin d’Avant : Histoires crues(elles) du quotidien » , par Isidore Plantey et Michel Lenoir, disponible en librairie (sinon sur commande à votre libraire) et à se procurer aussi directement sur le site des Editions Cairn, ici. Broché. 104 p. Format 130 x 210. 16€. Page FB ici


L’histoire

Martin, dix ans, vit dans une famille de parqueurs, en 1925. Il raconte ce qu’il voit autour de lui, dans son village du Bassin. Des histoires crues, des histoires drôles ou cruelles, des situations tragiques ou savoureuses.

Avec ses mots, il évoque le choc des cultures entre les Bordelais ou les Parisiens et les gens du Bassin !

Il explique le rôle des marieuses, qui permettaient moyennant paiement aux familles desargentées, de caser une fille avec un bourgeois bordelais.Il raconte les records des mariols roubignoleurs avec leurs jeux de c…, l’impitoyable machinotte, monstre d’acier à vapeur coupeur de têtes, la vie du village et son chef de gendarmerie ridicule sur son petit cheval, l’hypocrisie du curé, et d’autres « gueules de faux témoins… »


dedicace bassin d avant ML


Michel Lenoir


Illustrations : On vous invite à lire sur ce sujet l’excellente BD de la Série : Seances de Signatures Dessinateur/Scénariste : Michèle Laframboise . Editeur : TCHIIZE . Autres dessins : Actualitté/Chereau et Gagdz.com


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