Coronavirus : Situation et chiffres commentés à J + 42…

Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine : Les lendemains du cocooning seront difficiles…


26/04/20


La Nouvelle-Aquitaine et la Gironde continuent leur chemin vertueux. Sur la semaine écoulée, dans notre département 43 personnes en moins ont été hospitalisées et 23 patients de moins ont été accueillis par les services de réanimation où il ne reste plus que 68 personnes.


coronavirus ginette 25 04 Graph 1Si la courbe des décès poursuit sa course (29 de plus sur une semaine), elle n’est qu’une résultante des semaines passées.

On le sait, seul 1,4 % des Néo-Aquitains ont été confrontés au Covid-19 contre 12,3 % des Franciliens et 11,8 % des habitants du Grand Est.

C’est le taux le plus bas des régions métropolitaines, le chiffre national étant estimé à 5,7 %.


De quelle spécificité notre région peut-elle bien bénéficier pour se retrouver dans une situation si particulière ?

Fort opportunément, lors d’une conférence de presse, l’Insee régional a rappelé les caractéristiques de notre Nouvelle-Aquitaine. Celles-ci, mises en regard de celles de la France, quelques grandes lignes se dessinent.


Question d’âge… et de type de logement

29% des 5,8 millions d’habitants de la Nouvelle-Aquitaine ont plus 60 ans (24,6% pour la France). Notre population, plus âgée que la moyenne nationale, aurait pu ouvrir largement la porte à la propagation du virus qui s’attaque de préférence aux séniors, il n’en fut rien.


Par contre, en ce qui concerne l’habitat, la situation est nettement favorable à la Nouvelle-Aquitaine, 77% des néo-aquitains vivent dans une maison (contre 62% des Français).

Une maison signifie espace, jardin ou jardinet, bref tout ce qui crée de la distanciation.


On l’a bien compris la distance est essentielle pour freiner la propagation du virus. Les exemples du porte-avion Charles de Gaulle avec près de 50% d’un équipage contaminé, et ceux des divers navires de croisière sont là pour nous rappeler le rôle majeur joué par la distanciation.

Cette disponibilité de l’espace est encore renforcée par la moindre surpopulation dans les habitations : il n’y a en Nouvelle-Aquitaine que 2,70% d’habitants qui vivent à quatre dans une ou deux pièces alors que ce chiffre atteint 4,7% pour l’ensemble de la France.


On ne va pas conclure que la moindre présence du virus résulte de la moindre densité d’habitants, nous avons sans doute bénéficié au départ de la présence de peu de personnes contaminées et après la distance a joué son rôle.

Région âgée, la Nouvelle Aquitaine se caractérise aussi par un taux de pauvreté des personnes de 75 ans significativement plus élevé que celui de la moyenne française avec 15% contre 11,8%. La pauvreté ne semble pas favoriser la propagation, d’autant que celle-ci en Nouvelle-Aquitaine ne signifie pas promiscuité ce qui est apparemment le facteur déterminant de la contagion.


Les EHPAD

La promiscuité, qu’ont connu ceux qui vivent dans les Ehpad, et qui paient le plus lourd tribut à l’épidémie. Même dans ces lieux de haute contamination, la situation est restée très calme en Nouvelle-Aquitaine.

Au 14 avril, le site « Santé publique », annonçait 1064 cas et 113 décès dans les Ehpad et les EMS (Etablissement Médicaux Sociaux) ; curieusement cette information n’a pas bénéficié de la remise à jour du 23 avril. Quoiqu’il en soit, il faut comparer ce chiffre de 113 décès à celui des 5470 décès nationaux dans les Ehpad à cette même date.


Courbe de mortalité à la baisse… mais les confinés esquivent les soins

coronavirus 25 04 ginette graph 2Les dernières statistiques des décès en Gironde établies par l’Insee (toute origine confondue) confirment ce que nous annoncions la semaine dernière, la mortalité de 2020 (la courbe bleue) reste inférieure à celles des années 2018 et 2019.

Cette heureuse anomalie peut-elle nous faire bénéficier d’un déconfinement plus rapide.


Les dernières annonces gouvernementales ne vont pas en ce sens mais s’il semble qu’il pourrait y avoir certains ajustements. On croise les doigts.

Le confinement tel qu’on nous le fait appliquer de manière indifférenciée selon la situation n’a pourtant pas que des effets bénéfiques, déjà les médecins s’alarment d’un climat d’angoisse qui conduit à esquiver les soins. Ceux qui en auraient besoin n’osent plus aller consulter et les risques d’altération de la santé s’accroissent. Faut-il mourir d’un infarctus pour éviter un covid-19 pas nécessairement très grave ?


Une gestion de pénurie de matériel, plutôt que d’épidémie

La sortie du confinement s’annonce floue dans ses modalités et extrêmement douloureuse pour d’innombrables entreprises. Le confinement n’est peut-être pas la panacée qu’on nous martèle.

On nous dit qu’il a sauvé 60.000 vies mais il avait principalement pour but d’éviter l’engorgement des services de réanimation pas conçus pour accueillir une épidémie de cette ampleur.

Le recul qu’on a maintenant montre combien le choix national de la gestion de cette épidémie a été particulièrement inadapté et les semaines qui suivent vont montrer l’ampleur de la catastrophe économique.


Quand on regarde les autres pays, on constate que ce qui fonctionne c’est un choix de responsabilité et de discipline : distanciation, gestes barrières, masques, détection, isolation des personnes infectées permettent de réduire significativement le confinement. Car le confinement, s’il permet de sauver quelques vies, s’annonce très mortifère pour les entreprises en dépit des milliards annoncés pour soutenir et les individus et les entreprises.

En plus, nous prévoyons de distribuer des milliards que nous n’avons pas.


Experts en tous genres sur les plateaux

Il faut aussi se souvenir que médecins et experts en virologie, tout un mandarinat qui a envahi nos écrans n’était au départ d’accord sur rien, ni sur les masques, ni sur les tests qu’ils soient PCR ou sérologiques et encore maintenant la détection des déplacements par smartphone soulève des montagnes d’indignation.

Le sujet étant inconnu, il n’est pas incompréhensible que les avis des spécialistes divergent mais il est alors dangereux de s’appuyer sur eux.


A la litanie des chiffres quotidiens il faut substituer l’analyse des résultats de façon plus large afin de les mettre en perspective.

Un chiffre en soi ne dit rien. Que signifient quelques milliers de morts si on ne connaît pas la population du pays ou de la Région ? Si on ignore le nombre habituel de décès ? Dès notre premier article sur le sujet, le 4 avril, nous avons essayé de mettre les chiffres en perspective en comparant la Nouvelle Aquitaine avec les autres régions, en prenant en compte la mortalité nationale habituelle.

Mais il a fallu attendre encore deux semaines pour accéder enfin aux chiffres de l’Insee donnant la mortalité par région et par département pour constater et affirmer, chiffres à l’appui, qu’il ne se passait grand-chose ici.


Maintenant on y voit plus clair, l’information significative est celle du nombre de morts ramenée à un nombre de référence d’habitants. Les journalistes heureux de clouer une fois de plus au pilori le président Trump (qui souvent le mérite bien) annoncent avec délectation la montée des morts aux Etats-Unis, oubliant sans doute que ce pays a près de 400 millions d’habitants, résultat pour l’instant la mortalité y est moindre que chez nous (cf. gaphique).


Comparatif européen de gestion de la crise

coronavirus ginette 25 04 20 Graph 3L’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni ont fait le choix d’un confinement moins rigoureux que le nôtre et leur mortalité est bien moindre que la nôtre.

En France, devant le péril, immédiatement sont ressorties nos maladies infantiles que sont le jacobinisme, le manque de confiance dans l’individu considéré le plus souvent comme un simple d’esprit et une peur constante du risque qui a fait inscrire le principe de précaution dans notre constitution.

Ici on ne veut voir qu’une seule tête, comme à l’armée, une France bien alignée, alors on met sur pied le formulaire d’attestation de déplacement dérogatoire, on ne regarde pas que les vastes espaces des forêts ou d’un sentier du littoral ne contribueraient sans doute pas à la propagation du virus.


L’heureuse prise en main de la fabrication de masques par les collectivités locales

L’Etat se mobilise pour commander des masques par millions mais cela aurait peut être valu la peine d’inciter à la production locale, comme d’ailleurs elle s’est mise spontanément en place et même à la production individuelle car il y a encore des gens qui savent coudre.

Le plus grave est que notre faible taux de contamination aquitain ne constitue pas une protection et ne saurait qu’inciter à promouvoir la continuation du confinement. Restez dans votre cocon.


Des entreprises appauvries

Simultanément on constate que la chute de l’activité économique est beaucoup plus forte en France que dans d’autres pays.

En Allemagne, la consommation d’électricité à la mi-avril n’avait baissé que de 7,2% contre 12,3% en France, la chute du trafic routier n’y a été que de 31% contre 62 % dans notre pays. Cela signifie des entreprises beaucoup moins appauvries que les nôtres et pour NOUS des moyens d’agir de plus en plus limités. La France rétrécit encore un peu.

Mais le 1er ministre doit présenter le plan de déconfinement à l’Assemblée nationale, ce mardi à 15h.


A suivre !


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Ginette Bléry



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