Chronique désabusée d’un Divin dépassé…

Humour satirique pour éditorial céleste : Trop c’est trop, même pour Lui!


Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.


28/06/25


J’ai dit: “Tu ne tueras point”.

Ils ont entendu: “Sauf si t’as une bonne excuse”

( InfoBassin )



Je ne sais pas vous, mais moi j’en ai ras la tiare du genre humain. Oui, je sais, tout est de ma faute et j’en viens même à douter de mon infaillibilité, c’est dire ! L’idée de créer l’humanité m’était venue lors d’un moment de déprime ; de voir toujours les mêmes têtes de ces anges et archanges virevoltant, aussi attentionnés qu’obséquieux, me pesait sérieusement.


Création du monde : coup de tête… lendemain co(s)mique

Alors, dans ma grande sagesse, j’ai donc imaginé un monde peuplé de petits bonhommes qui vivraient tranquillement leur vie sous mon regard attendri. Ce ne fut pas sans mal, mes conseillers étant foncièrement contre cette idée qu’ils jugeaient farfelue : « Seigneur, ne vous lancez pas dans cette expérience, c’est un nid à emmerdes ! Vous n’êtes pas bien ainsi, peinard ? ». J’ai passé outre pour bien montrer qui était le patron, et depuis je m’en mords mes Saints Doigts. Pourtant l’idée me paraissait géniale, sauf qu’un élément m’avait échappé : laisser à ce petit monde son libre arbitre !


Libre arbitre : l’option que j’aurais dû décocher

Dans un murmure suspendu au cœur de cette éternité bien longue – surtout vers la fin –, je songe à cette humanité que j’avais façonnée, ses choix, ses passions, ses douleurs. Ai-je eu raison de lui accorder ce libre arbitre ? Ou n’était-ce qu’une funeste erreur ? Je me remémore ces instants où l’Homme a montré compassion, sagesse et amour, mais aussi les ténèbres qui ont surgi, les guerres, les haines, les souffrances engendrées par des décisions personnelles.


Opération Moïse : galère logistique en mer Rouge

La responsabilité de cet immense pouvoir de choisir me pèse comme un fardeau offert à mes créatures, même si je continue de croire que cette liberté est la véritable essence de la dignité humaine.

Au début, malgré quelques accrocs, tout n’allait pourtant pas si mal. Certes je m’étais senti obligé d’intervenir pour aider Moïse à échapper aux Égyptiens, que j’ai pris soin ensuite d’engloutir sans coup férir. Mais, créer un passage à sec de cinquante kilomètres au milieu de la mer Rouge nécessita de déplacer huit milliards de mètres cubes d’eau, puis, faire traverser cette foule de loqueteux en une nuit ne fut pas une mince affaire, même pour Moi. Et c’est là que je sentis que quelque chose dérapait.


Guerre sainte : marketing divin mal interprété

J’en eus la confirmation plus tard – bien que pour Moi le temps ne compte pas – en constatant la nette dégradation des liens qui auraient dû unir les hommes. Dans ce beau royaume de France que j’avais particulièrement choyé (je fais ce que je veux !), une jeune écervelée levait une armée en mon nom, afin d’estourbir l’Anglais récalcitrant. Ce dernier, pas en reste, lançait ses troupes en hurlant « Pour Dieu et le roi ! ». Stupéfaction passée, je songeais qu’il était particulièrement déplacé de s’anéantir en chantant des cantiques glorifiant mon nom… d’autant que je n’avais rien demandé ! Et c’est ainsi que de siècles en siècles, la situation empira.

Là où j’imaginais un peuple rempli de ferveur, de bonté et d’humanité je constatais avec dépit l’orgueil qui émergeait de certains, la haine qui divisait les peuples, la violence qui consumait les âmes. La bonté que je leur avais insufflée s’effaçait devant l’égoïsme et la cupidité.


Saints imposteurs et prophètes hightech

Pourtant, toujours optimiste, je pensais que l’évolution, le bon sens et la culture finiraient par me donner raison, persuadé que ce XXIᵉ siècle verrait l’aboutissement de mes vœux. Hélas ! Hélas ! Hélas ! Actuellement, tous s’entretuent allègrement en évoquant mon Nom.

C’est d’abord ce Cyrille, attifé comme un clown, ancien du KGB, devenu – par quel miracle ? – patron de l’Église de Russie, qui exhorte ses ouailles à éliminer « les forces du mal » chez son voisin Ukrainien, pendant que lui-même se vautre dans le luxe avec son copain Poutine.

C’est également ce zozo de Washington, traînant de nombreuses casseroles (j’ai mes fiches), qui a prêté serment sur mon Livre de préserver la démocratie et qui désormais la piétine allègrement en compagnie d’une bande de béni-oui-oui rabâchant mon Saint Nom à chaque discours.

Quant au Peuple Elu, parlons-en, son chef – qui devrait être sous les barreaux – noie femmes et enfants sous des tapis de bombes… uniquement dans un but messianique


Sondage féroce : Même Dieu chute dans les sondages !

Comme si ce lot de misères ne suffisait pas, je viens d’apprendre par un sondage Ipsos (béarnaise*) que les autochtones de la fille aînée de l’Église sont moins de 40 % à croire en moi, et que 8 % seulement me vénèrent. Quel gâchis !


Fin de mission : je leur laisse les clés

À ce stade, je fus tenté d’arrêter cette foutue expérience, mais après réflexion, je vais les laisser se débrouiller, ils finiront bien par s’autodétruire…


*Même dans les pires situations, je ne résiste jamais à un mauvais calembour.


Alain Mouginet

(Illustration généré par IA)


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