La France d’avant: L’andouille pendue!

Début des années 60 : Règlement de comptes avec une corde à l’école…


28/07/25


Ah, la France d’avant! InfoBassin propose une série d’articles sur l’histoire du temps jadis, sur le Bassin et ailleurs…

Nous poursuivons le témoignage de Joel Laine, Lantonnais qui se souvient du début des années 60.

Michel Lenoir, directeur de publication



A gauche, des maisons rivalisant d’élégance avec leurs motifs de briques rouges et blanches soigneusement entretenues et remises en couleur. À droite, après l’entrée de la clinique des acacias, les écoles primaires : d’abord celle des filles puis celle des garçons. Il me suffisait de quelques quatre à cinq minutes pour accomplir le trajet sans me précipiter. Traversant en diagonale la verdure de la place je me retrouvais devant la grille d’entrée.


Papa, cartable et blouse réglementaire

En ce premier jour dans ma nouvelle école, j’étais accompagné de mon père. Toujours équipé de mon cartable en cuir, j’avais revêtu sous mon pardessus de lainage au col de velours, la blouse bleue réglementaire. L’école était impressionnante : des classes sur deux niveaux et une simple verrière en guise de préau. Nous traversâmes la cour pour nous présenter au maître de ma future classe. Celui-ci, après avoir salué mon père, appela un des garçons qui passait et qui me prit en charge.


Trônant au milieu de la cour, un très haut portique construit avec des rails de chemin de fer.

Les salles de classe comportaient des radiateurs de chauffage central et il y faisait souvent trop chaud, mais l’odeur d’école mêlant eau de javel, poussière de craie et parfum de vieux papiers y était la même que dans l’autre école.


Oxygène, suie et bonne volonté

Appliquant des principes « modernes » d’éducation, chaque classe bénéficiait d’une heure de culture physique : après quelques tours de la cour, en rang par deux, et au « petit trot », nous étions rassemblés au centre de l’espace. Nous devions « prendre nos distances » en nous écartant les uns des autres de la longueur de nos bras tendus. Venaient les mouvements « respiratoires » en levant et baissant les bras à chaque coup de sifflet sans omettre de souffler ostensiblement en baissant les bras.


L’air du dehors était sensé nous oxygéner, bien que nous soyons entourés de hauts fourneaux, de cokeries et de mines dont les nuages de poussière recouvraient la ville. Quelques flexions/extensions plus tard nous revenons en rang par deux devant le portique complété de deux cordes à nœuds.


Technique d’ascension pour les bienheureux

Sur un geste du maître, les deux premiers s’avancent, ils saisissent la corde à deux mains et, d’une traction, ils bloquent le premier nœud entre leurs pieds.

Puis, s’étirant vers le haut, ils montent leurs mains sur le nœud supérieur et remontent les pieds au niveau suivant. Plus ou moins rapides, ils n’en arrivent pas moins au sommet de l’édifice et redescendent selon le même procédé. Un geste du maître et c’est le tour du duo suivant.


Un grand moment de solitude

Et vint mon tour : j’empoigne la corde, attrape le bout de la corde entre les pieds et cherche à prendre appui sur le nœud de base. Mais bloquer cet objet entre les pieds relève de l’exploit et c’est au prix d’un effort énorme que je reste posé là, à quinze centimètres du sol. Impossible de m’élever au-delà. Poussant sur les jambes, tirant sur les bras, rouge d’effort, je restais suspendu au bout de la corde comme une andouille au bout de sa ficelle, doucement balancé par le vent… Mon équipier ayant réalisé la montée et la descente avec aisance regagna sa place, affichant une fausse désinvolture. Après quelques minutes d’exposition dans cette ridicule posture, c’est honteux et furieux que je me replaçais dans le rang.

La semaine suivante, c’est l’estomac noué et la rage au ventre que je vis venir la cérémonie de la culture physique… je parvins cependant au sommet de l’épreuve, comme tout le monde ! J’avais appris qu’il suffisait de … croiser les pieds pour bloquer la corde !



Joel Laine


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