La France d’avant: Le « coup mou »!

Début des années 60 : Un départ en vacances familiales avec la 404 Peugeot (et sa remorque assortie) qui prend une tournure inattendue…


15/08/25


Ah, la France d’avant! InfoBassin propose une série d’articles sur l’histoire du temps jadis, sur le Bassin et ailleurs…

Nous poursuivons le témoignage de Joel Laine, Lantonnais qui se souvient du début des années 60.

Retrouvez les 5 histoires racontées par Joel Laine publiées sur notre site, ici. 


Vous pouvez commander l’ouvrage à venir comprenant toutes les histoires…

Si vous en voulez plus, un livre comprenant 31 histoires va être édité et s’intitulera « Eclats d’enfance, éclats de rire ». Il est actuellement en pré-commandes.



Tous les détails pour la souscription et le profil de l’auteur sont disponibles sur ce site ici 

Michel Lenoir, directeur de publication



Les vacances d’été devinrent une institution familiale incontournable. Les années passaient, frères et sœurs atteignaient le nombre (normal en cette période d’après-guerre et dans cette région) de cinq. Le monde (du moins autour de nous) évoluait et se modernisait. Les voitures étaient devenues plus fiables et plus rapides, permettant des déplacements plus importants.

Notre père s’appliquait à varier les destinations, nous offrant ainsi le privilège de découvrir notre beau pays de France. Je dis « privilège », car, s’ils partaient bien en vacances chaque année, mes camarades de classe ne changeaient jamais de destination.



Après quelques années « à la mer », dans la même location, et une fois équipé d’une voiture contemporaine, nous partîmes deux années de suite à la découverte de l’Alsace. Notre camp de base se situait à Niedehaslach, près de Molseim. Planté au milieu du « clos du hachtag », zone de plateau semi-naturelle consacrée à l’élevage et à la production de quetsches (prunes noires et allongées), notre paysage voyait son horizon limité par le rocher du corbeau.

De Strasbourg avec sa cathédrale et son incroyable horloge, aux contreforts de Vosges, visites et excursions ne manquaient pas !


La nouvelle Peugeot familiale

Cette année-là, une nouvelle voiture fut acquise pour nous emmener tous en grand confort : une « familiale » avec trois rangs de sièges ! Sa ligne élégante et le chic de sa couleur vert foncé en faisait un objet dont on devait prendre soin. La marque de grande réputation pour sa fiabilité confirmait le choix : une 404 familiale de Peugeot !

Cette merveille pouvait nous transporter tous (grands-parents compris) sur de longues distances fort confortablement. Mais, pas de place pour des bagages abondants ! Qu’à cela ne tienne : mon père construisit une remorque avec un « train arrière » de Juva 4. Soucieux du détail, il poussa le soin jusqu’à la peindre de la même couleur que la voiture…


La Creuse et la Corrèze finirent par être l’objet d’un nouveau projet de vacances. Après bien des recherches, ce fut à Meymac que fut localisée notre future villégiature.

Disposant d’un bon volume pour les bagages et respectant plus que jamais nos habitudes, draps et couvertures, denrées alimentaires, vêtement pour toutes les circonstances trouvèrent place dans la superbe remorque. Les devoirs de vacances n’étaient pas oubliés et ma première année de latin imposait la présence du « Gaffiot», énorme dictionnaire français/latin, latin/français..


La troupe s’installa joyeusement : trois sur la banquette du fond, trois au centre dont les deux grands-parents, le petit dernier à leurs pieds dans son « moïse », sorte de panier allongé garni d’un petit matelas et des protections sur les côtés que ma mère avait décorées d’élégants festons.

Après un ultime contrôle de l’arrimage de la remorque, le convoi s’ébranla en direction de la Corrèze. Les routes départementales, que nous empruntions de préférence, défilaient sous un chaud soleil d’été nous rapprochant de cette contrée nouvelle pour nous.


La mythique 404 Peugeot Break!


Fuite d’huile à la remorque!

Quelques heures après le départ, mon frère, âgé de sept ans, dit à mon père : « il y a une fuite d’huile à la remorque ». Mon père, hilare, lui répond que c’est le moteur de la remorque, bien sur ! Cependant, quelques kilomètres plus tard, il constate des projections sur la vitre arrière.

Arrêt immédiat, plongée sous le capot, recherches minutieuses : sans doute une fuite d’huile que les roues de la remorque projetaient sur la vitre arrière… ces investigations furent vaines : pas de fuite détectée.


Passant à l’arrière il constata que les projections étaient bien huileuses. Il finit par soulever un coin de la bâche de la remorque et découvrit enfin le pot aux roses : les six kilos de beurre emmenés pour le mois avaient fondu, formant une nappe de plusieurs centimètre sur tout le fond de la remorque, et ballottant au gré des chaos de la route…

L’acquisition récente du nouveau produit étanche appelé « Tupperware » avait créé la confiance, mais c’était sans compter sur la chaleur et le poids considérable du « Gaffiot » posé dessus ! Ma mère, venue aux nouvelles considéra avec désespoir les draps, couvertures, vêtements, chaussures trempant allègrement dans le beurre fondu.

Elle soupira « ça, c’est un coup dur ! »


Mon père répondit sans sourire « Non ! c’est plutôt un coup mou.. »

A notre arrivée, le ruisseau qui courrait au bord de la propriété louée retrouva sa jeunesse : ma mère, ma grand-mère et mes sœurs, agenouillées sur la rive, brossaient le linge au savon de Marseille. Seul mon grand-père était ravi : ses chaussures en étaient toutes assouplies !


    Joel Laine


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